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L'arabe est une langue juive 

 

C'est en arabe qu'une partie conséquente du judaïsme médiéval s'est épanouie intellectuellement, juridiquement et culturellement. Le judaïsme d'expression arabe, à travers ses plus éminents représentants médiévaux que sont Maïmonide, Saadia Gaon ou encore Yehouda Halevi, a profondément formalisé le dogme juif et la pensée juive, et le travail qu'ils ont accompli en langue arabe influence et détermine encore largement le judaïsme contemporain. La variété d'arabe dont il est question ici est l'arabe littéraire à ceci près que les Juifs l'écrivaient au moyen de l'alphabet hébraïque.

 

Si l'arabe est une langue juive, c'est également parce qu'à travers ses variétés dialectales, il a été la langue du quotidien pour des centaines de milliers de Juifs pendant plusieurs siècles. Il l'est d'ailleurs encore de nos jours pour certaines communautés, comme celle de Djerba en Tunisie. Les productions culturelles populaires en arabe, qu'il s'agisse de chansons, de poèmes, de prières, constituent un trésor à valeur non seulement juive mais aussi universelle. Nombreux ont été les artistes juifs d'Afrique du Nord, par exemple, à avoir renouvelé les genres d'expression musicales locaux. Habiba Messika, Reinette l'Oranaise ou Samy Elmaghribi sont des étoiles qui brillent encore dans de nombreuses mémoires d'ici ou de là-bas. Certains de leurs textes sont des bijoux qui risquent de tomber dans l'oubli si personne n'y prête attention, ne les décrypte, ne les connaît.

 

Mais le fait judéo-arabe n'est pas mort avec l'émigration massive des Juifs des pays arabes. Il se transforme, se réinvente, se transmet encore. Il renaît, principalement en Israël, avec une nouvelle génération d'universitaires ou d'artistes (Neta Elkayam, Zeev Yehezqel, A-WA, etc.) qui souhaitent se réapproprier la langue de leurs aînés, refusant de renoncer à cette culture qui est la leur et dont les affres de la politique et de l'Histoire les a éloignés. Oui, l'arabe est une langue juive et il doit continuer de l'être, au nom de l'extraordinaire pluralité du judaïsme, au nom du passé, au nom de l'avenir. 

 

Ce cours s'inscrit dans une dynamique juive de réappropriation de la langue arabe. Il offre enfin une solution à ceux qui rêvent de lire Maïmonide en V.O., de regarder la série Fauda sans sous-titrage, d'impressionner leur chauffeur de taxi arabe à Tel Aviv en lui parlant dans sa langue…

Yohann Taïeb

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